- TÉLÉVISION ET RADIODIFFUSION - Les programmes et le public
- TÉLÉVISION ET RADIODIFFUSION - Les programmes et le publicLe petit écran occupe aujourd’hui une place prépondérante dans les loisirs des sociétés modernes. Le taux d’équipement des foyers des pays d’Europe occidentale et d’Amérique du Nord dépasse 95 p. 100, et beaucoup de foyers s’équipent de récepteurs supplémentaires (tabl. 1). Le temps passé devant la télévision progresse de façon constante: 87,8 p. 100 des Français regardent la télévision chaque jour durant quelque deux heures et demie.La télévision s’immisce aussi dans le domaine du travail: elle prend part à l’instruction des jeunes et des adultes; l’objectif de la caméra prend de plus en plus la relève de l’œil dans les usines ou les mines; les planètes lointaines sont maintenant filmées. L’action de la télévision est donc multiforme. Le contenu des messages diffusés peut cependant être ramené à trois grandes catégories: information, distraction et culture. L’importance accordée à chacun de ces trois secteurs varie selon les pays, le régime politique, le statut des chaînes (publiques ou privées), le niveau socio-culturel des populations, mais il n’existe pas de pays ni de stations qui n’affirme vouloir privilégier la dimension culturelle. Les tableaux 2 et 3 montrent la structure de la programmation dans divers pays et en France.Notre époque est ainsi le témoin d’une vulgarisation des connaissances: la communication se démocratise; la radio et la télévision touchent très tôt les jeunes et sauvent de l’isolement les plus âgés, très fidèles téléspectateurs qui restent ainsi insérés dans la vie quotidienne et reliés au monde.La radio puis la télévision sont les médias qui ont connu l’expansion la plus rapide entre leur mise au point et leur consommation, à grande échelle, par le public. Très vite, les sociologues se sont intéressés à ces supports et ont cherché à comprendre et à analyser leurs effets réels ou supposés sur l’opinion publique. C’est ainsi que les premières études de P. Lazarsfeld sur les effets de la propagande diffusée par la radio marquent le point de départ de nombreuses études sur les effets de la radio et de la télévision. Parallèlement, la connaissance précise du profil socio-économique des auditeurs et téléspectateurs, de leurs habitudes d’écoute et de vision devient de plus en plus nécessaire: pour la production même des émissions et pour la structuration des grilles de programmes en liaison avec la diffusion de messages de publicité. Les recherches sur les audiences de la radio et de la télévision visent donc d’abord à dresser une sociographie des auditeurs et téléspectateurs en fournissant la réponse aux questions suivantes: qui écoute ou regarde quoi? pendant combien de temps? de quelle façon? quel usage fait-on de la radio et de la télévision? Il faut alors utiliser à la fois des méthodes de mesure quantitative et des méthodes d’évaluation qualitative.1. Les programmesLes informationsLes contenusEn de nombreux pays, les radios et les télévisions ont des contenus semblables, mais les différences se précisent lorsque sont examinées la position et la durée des programmes. Le plus généralement, les informations sont données tôt le matin, à midi et le soir vers 19 heures pour la radio, et à la mi-journée et le soir à 20 heures (prime time ) pour la télévision, quelquefois prolongées par des émissions politiques.Les bulletins d’information proprement dits peuvent être brefs: ils vont de une à trois minutes; mais, aux heures des repas, les émissions d’information durent environ 30 minutes. Les programmes d’information représentent, selon les pays, de 20 à 30 p. 100 des programmes proposés (tabl. 2 et 3). Ils incluent les journaux télévisés et les émissions spéciales: magazines et reportages. Cette place tient au fait que la part de la télévision comme source d’information des citoyens est devenue la plus importante.Les rubriques et les thèmesSi les contenus varient en fonction des exigences de l’actualité, les thèmes restent les mêmes depuis les débuts de la presse imprimée. Dans l’ordre, on trouve: les faits divers, la politique intérieure, la politique extérieure, puis les tribunes et les reportages, les sports et enfin les chroniques artistiques ou scientifiques.Les grands événements politiques, sportifs ou scientifiques mobilisent les rédactions, et il n’est pas rare de voir le volume de l’information doubler, aussi bien à la radio qu’à la télévision, sur des événements précis: élections présidentielles, jeux Olympiques, conflits internationaux.Monde, nations et régionsLa couverture géographique de l’information elle-même a évolué: si l’information nationale reste privilégiée, la part du régional et de l’international s’est accrue. Sur le marché de l’information régionale, la création de chaînes régionales de télévision et le développement des radios locales privées ont été les facteurs déterminants qui ont permis aux médias audiovisuels de concurrencer la presse quotidienne régionale. Ce phénomène, relativement récent en France, est apparu depuis plus longtemps dans les pays à structure fédérale (R.F.A., États-Unis, Canada) ou dans les pays devant intégrer des particularismes locaux ou régionaux nécessitant des programmes en langues différentes selon les régions (U.R.S.S., Inde ou pays d’Afrique, par exemple). L’information sur l’étranger occupe à peu près le tiers du journal télévisé en France: elle porte d’abord sur la politique étrangère de la France, sur les problèmes ou sur les pays européens, puis, selon les circonstances, sur les autres régions du monde.La répartition entre les différents types d’actualité est variable selon les pays, et, surtout, selon les régimes politiques. Dans les pays libéraux comme les États-Unis, l’information est un produit commercial: elle est produite et vendue par des chaînes privées soumises au régime de la concurrence. Les réseaux locaux accordent une place importante au fait divers et à la vie politique et sociale locale. L’information nationale et internationale est entre les mains de grandes chaînes nationales comme A.B.C., N.B.C. ou C.B.S., qui, outre la diffusion sur leurs propres réseaux, revendent l’information aux réseaux locaux. Dans les systèmes autoritaires de type soviétique et dans beaucoup de pays en développement, l’information a une fonction politique et sociale importante, une valeur éducative sur les plans civique, idéologique et culturel. Enfin, dans les systèmes libéraux semi-concurrentiels (Europe occidentale en particulier), le statut de service public des sociétés de programme impose, de facto, la recherche de la qualité et une moindre place accordée au sensationnel, contrairement aux chaînes privées.Le fond, la forme et l’espritLe fond et la forme sont intimement liés. Si les informations télévisées proviennent des mêmes sources, les grandes agences internationales, telles que Visnews, Worldnet, A.F.P.-Audio ou Gamma-Télévision, le travail de l’équipe de rédaction puis la présentation à une ou plusieurs voix donnent du même événement des images différentes, sinon parfois divergentes.Néanmoins, les radios et les télévisions, quand elles pratiquent les reportages sur le vif, ont un double avantage sur les autres médias: elles transmettent l’événement rapidement, parfois instantanément (assassinat de J. F. Kennedy, attentat contre Jean-Paul II). Autre caractéristique des journaux audiovisuels, la place importante désormais prise par le présentateur. Celui-ci est pour le public la personnification du journal télévisé. Ses qualités techniques (expression, langage, clarté d’exposition) et son implication personnelle dans le récit qu’il déroule vont déterminer en grande partie l’audience du journal. Le jugement sur le présentateur pèse aussi lourd que le contenu même du journal dans les appréciations des téléspectateurs. Par ailleurs, le crédit d’objectivité qu’on accorde à la caméra, en refusant de prendre en compte l’influence de la mise en scène, de l’angle de prise de vue, etc., renforce l’image d’authenticité qui s’attache à l’information télévisée. La télévision fait voir pays et paysages, grands de ce monde et gens du quotidien; si la radio a, la première, aboli les distances en faisant entendre les antipodes, la télévision le fait par l’image, amenant M. McLuhan à transformer la planète en un «village global».Divertissement et fictionFiction et divertissement (tabl. 4) couvrent les programmes à vocation distractive: films, séries, feuilletons, téléfilms, émissions de variété et de musique, retransmission de spectacles... Ce secteur de la programmation est désormais l’enjeu du marché international des programmes. En effet, le volume de programmation de la fiction s’accroît, d’une part, pour répondre aux goûts du public et, d’autre part, parce que le volume d’émissions diffusées augmente à cause de l’allongement de la programmation et de la création de nouvelles chaînes de télévision. Dans cette situation de relative pénurie de programmes, le recours à l’achat de programmes étrangers devient nécessaire pour parvenir à «remplir» les grilles de programmes (tabl. 5).Mais, pour lutter contre cet envahissement des écrans nationaux par des produits étrangers, le gouvernement français, par exemple, a imposé aux télévisions privées, par le biais de leurs cahiers des charges, des obligations de programmation et de production: quotas de programmation d’œuvres originales d’expression française (spectacles dramatiques ou musicaux, séries), volumes horaires de production annuelle et contribution financière à la production d’œuvres cinématographiques, d’émissions musicales.Théâtre et cinémaLa radio puis la télévision ont offert au théâtre une tribune considérablement élargie. C’est ainsi que la tragédie d’Eschyle, Les Perses , donnée en soirée par la télévision française, en 1964, a eu plus de spectateurs en une soirée que n’en avaient pu rassembler toutes les représentations de la pièce montées depuis vingt-cinq siècles.Mais il est certain que c’est surtout le cinéma qui s’est trouvé pillé puis annexé par la télévision. En 1987, les six chaînes de télévision française ont programmé 1 288 films. Canal plus, chaîne cryptée à péage lancée en décembre 1984 en France, avait axé l’essentiel de sa campagne de promotion sur la place importante dévolue au cinéma dans ses programmes. Enfin, l’accroissement du parc des magnétoscopes est un facteur supplémentaire de concurrence de la télévision face au cinéma, soit que les téléspectateurs enregistrent les films diffusés par la télévision, soit qu’ils louent des cassettes dans des vidéo-clubs. Mais, par ailleurs, la télévision crée, pour ses propres besoins, films et feuilletons. Les studios américains de Hollywood, après une crise passagère, travaillent de nouveau, et à plus de 50 p. 100, pour la télévision. Les coproductions cinéma-télévision se multiplient. Les chaînes françaises ont coproduit en 1987 185 films, et il est prévu que la télévision fournisse au cinéma, en 1990, 25 p. 100 de ses recettes, contre 10 p. 100 en 1986.Le sportLes émissions sportives sont généralement classées parmi les émissions de distraction, et il est exact que la radio et la télévision s’intéressent au sport, mais attribuent presque uniquement leurs antennes au sport spectacle: les reportages, les tribunes, les magazines sportifs consacrent le champion; l’individu ou l’équipe qui ont vaincu sont offerts au public en train de s’entraîner ou d’affronter un adversaire; enfin, on discute leur technique ou leur comportement au cours de tables rondes de toutes sortes.Le public est-il ainsi satisfait du contenu des émissions sportives? À cette question, un tiers répond qu’il les suit avec assiduité, tandis qu’un autre tiers affirme son hostilité au star-system en sport. Toutefois, il suffit qu’une équipe nationale brille dans une compétition internationale pour que 80 p. 100 des téléspectateurs soient devant leurs récepteurs. Le vainqueur ou l’équipe victorieuse ont plus de succès que la meilleure émission de variété ou le meilleur film programmé à la même heure. Les émissions sportives, en particulier les retransmissions de grands événements internationaux (football, tennis, natation), mettent en jeu des sommes considérables, justifiées par la très large audience que recueillent ces spectacles. C’est ainsi que les droits de retransmission des jeux Olympiques de juillet 1988 à Séoul ont été achetés 350 millions de dollars par la chaîne américaine N.B.C. qui en a eu l’exclusivité sur le continent américain et 28 millions de dollars par l’Union européenne de radiodiffusion, pour la retransmission des enregistrements réalisés par N.B.C. auprès des pays membres de l’U.E.R.Éducation et cultureSi les émissions éducatives et culturelles stricto sensu ne représentent qu’un faible pourcentage de la programmation à la télévision, il y a néanmoins dans le public une attente assez forte pour ce type de programme. C’est ainsi que la France crée une chaîne culturelle à vocation européenne (la S.E.P.T.) sur le satellite de diffusion directe T.D.F.1 dont le lancement a eu lieu en 1988.Émissions pour les enfants et les jeunesLes émissions conçues spécialement pour les enfants sont éducatives en ce sens qu’elles ont pour objectif d’amuser en éduquant. C’est ainsi que la série américaine Sesame Street a été créée pour permettre aux tout-petits, grâce à des méthodes audiovisuelles et psychologiques inspirées de celles qui sont utilisées pour les spots de publicité, d’apprendre à lire l’alphabet. Les jeunes passent beaucoup de temps devant la télévision qui devient, pour eux, une véritable «école parallèle» dispensant un savoir hétéroclite sans lien véritable avec le contenu des programmes scolaires.En effet, les perspectives ouvertes dans les années 1970 par l’audiovisuel éducatif n’ont pas eu de concrétisation dans les pays développés, bien que la B.B.C., par exemple, diffuse 400 heures de télévision scolaire par an avec des supports pédagogiques qui touchent 35 000 enfants. Par contre, de nombreux pays en développement utilisent les méthodes audiovisuelles pour alphabétiser. Dans les pays développés, l’audiovisuel éducatif concerne surtout l’enseignement des langues étrangères.La télévision, à travers le décryptage et l’analyse d’émissions d’information ou de variété, voire de spots publicitaires, devient, dans certains établissements, un objet d’étude au même titre que la presse écrite.L’éducation des adultesL’alphabétisation est au premier rang des émissions éducatives pour adultes. L’apport attendu des médias audiovisuels pour le développement de l’éducation dans le Tiers Monde n’a pas eu, pour des raisons essentiellement politiques et économiques, les retombées espérées. Désormais, les programmes nationaux et internationaux d’assistance éducative ont des visées plus modestes et reposent autant sur les médias eux-mêmes que sur la présence, sur place, dans les zones rurales ou urbaines concernées, d’éducateurs, d’animateurs ou de formateurs chargés à la fois de motiver le public et de l’aider à assimiler puis à utiliser ses connaissances.La télévision peut aussi aider à la formation permanente. C’est ainsi que la B.B.C. diffuse 450 heures de télévision pour l’éducation permanente. En France jouent ce rôle les émissions de vulgarisation scientifique.Les nouvelles technologies de communication vont favoriser le développement d’autres produits culturels audiovisuels et mettre ainsi à la disposition du grand public des masses d’information jusque-là réservées à un public restreint. Les réseaux télématiques et les serveurs vidéotex mettent à disposition non seulement de l’information de service (horaires, programmes, Bourse, météo), mais également de véritables journaux d’information et, sans doute, à terme, chaque foyer équipé d’un Minitel pourra-t-il accéder à des banques de données d’information spécialisée.2. Le publicMéthodes d’enquêtesLes évaluations quantitatives et qualitativesElles permettent d’apprécier, d’une part, la consommation des ménages en biens culturels, les taux d’équipement en supports de réception des programmes, et, d’autre part, de déterminer les temps de consommation de la radio et de la télévision.L’I.N.S.E.E. (Institut national de la statistique et des études économiques), le ministère de la Culture et de la Communication et le Service de la redevance télévision établissent chacun des séries statistiques qui donnent une première approche quantitative. La répartition de la redevance par région permet de dresser une géographie du parc des récepteurs de télévision (tabl. 6). L’étude annuelle de l’I.N.S.E.E. sur la consommation des ménages permet d’évaluer globalement les sommes affectées par les ménages aux dépenses culturelles (tabl. 7).L’instrument essentiel de la mesure d’audience est l’audimètre. Il s’agit d’un appareil qui, connecté au téléviseur, permet l’enregistrement de l’utilisation qui en est faite. En effet, il conserve trace de la mise en route et de l’extinction, des interruptions, des choix et des changements de chaîne, des connections à des supports de péritélévision (magnétoscope). On peut alors apprécier: la durée pendant laquelle le récepteur est en fonctionnement, le temps passé sur chaque chaîne ou sur chaque matériel connecté au téléviseur. Par contre, l’audimétrie n’enregistre pas le comportement même du téléspectateur: présence ou absence devant l’écran, activité simultanée, conversation...Le carnet d’écoute, distribué à un panel sélectionné, volontaire d’auditeurs et de téléspectateurs représentatifs, permet de noter, suivant des grilles préétablies, la consommation audiovisuelle de chacun. Enfin, le sondage permet également la collecte de données quantitatives.Au-delà de la description de comportements de consommation (temps passé devant tel programme), les études qualitatives cherchent à cerner les raisons de ces comportements, de ces choix, les opinions sur les programmes et les réactions à des émissions, voire leurs effets. C’est pourquoi, pour les études qualitatives, les résultats fournis par le carnet d’écoute ou l’audimètre sont complétés par des enquêtes directes auprès des téléspectateurs et auditeurs – entretiens au domicile, interrogation par téléphone ou télématique, correspondance – et par des sondages conduits par des organismes spécialisés.Les organismes d’observation des audiences de la radio et de la télévisionLe C.E.S.P. (Centre d’étude des supports de publicité) est le plus ancien organisme français d’étude de l’audience des médias. Créé en 1957, il regroupe des professionnels des médias écrits et audiovisuels, des annonceurs et des publicitaires. Dès 1958, il met en place une enquête annuelle sur l’audience de la radio et de la télévision menée en plusieurs vagues au cours de l’année (3 puis 2). Elle porte sur un échantillon de 12 000 personnes représentatives de la population française. Il s’agit, à travers des entretiens semi-directifs, de cerner les habitudes d’écoute et de vision de la radio et de la télévision, en termes de chaînes, de programmes et de temps passé. Le C.E.S.P. peut ainsi présenter une structure des audiences des programmes de la radio et de la télévision quart d’heure par quart d’heure. Depuis janvier 1987, il a complété sa méthode de collecte et réorienté ses objectifs. S’il continue à collecter des données quantitatives d’écoute, il établit désormais une différence entre trois périodes de la semaine: lundi/vendredi, samedi et dimanche. Il commence également un recensement et un suivi de l’équipement audiovisuel précis des Français. La première vague d’enquêtes réalisée en 1987 auprès de 4 000 personnes propose les résultats quart d’heure par quart d’heure en liaison avec les caractéristiques socio-économiques des personnes à l’écoute pour chaque tranche horaire.Médiamétrie a repris, en avril 1985, les activités du Centre d’études d’opinion, lui-même héritier du service d’observation des programmes de l’O.R.T.F. Grâce à l’installation d’audimètres dans 1 000 foyers représentatifs, Médiamétrie peut fournir des statistiques d’écoute présentées sous la forme de baromètre hebdomadaire des émissions les plus regardées et d’un cumulatif d’audience par chaîne. Depuis juillet 1986, ce panel audimétrique est complété par un sondage quotidien par téléphone réalisé auprès de 55 000 personnes; elles sont interrogées sur leurs réactions aux émissions regardées, leurs appréciations, les raisons de leurs choix..., données qui sont ensuite recoupées avec les résultats quantitatifs et certaines caractéristiques sociologiques: âge, sexe, lieu de résidence, catégorie socio-professionnelle du chef de famille.Enfin, l’association entre Nielsen et la S.O.F.R.E.S. propose une mesure permanente du fonctionnement des récepteurs par audimètres (1 000 foyers suivis). Parallèlement, un panel de 2 000 foyers représentatifs est interrogé quotidiennement, offrant ainsi tous les jours l’audience de la veille minute par minute, pondérée par des éléments d’appréciation sur les programmes.Les études de ces trois organismes reposent sur des échantillonnages représentatifs de la population tant sur le plan sociologique (sexe, âge, catégorie socio-professionnelle) que sur les plans géographique (domiciliation, pondération par départements) et temporel (chaque jour est représenté dans les enquêtes par un ou plusieurs interviewés). Les résultats proposés peuvent donc être recoupés et segmentés de manière très fine en fonction des objectifs des clients. Ils permettent également d’obtenir des séries chronologiques susceptibles de mesurer les évolutions, saisonnières ou annuelles.À côté de ces systèmes d’observation a posteriori de la consommation audiovisuelle, ces sociétés d’étude des audiences cherchent à mettre au point des instruments qui permettraient la prévision.Par ailleurs, les grands instituts de sondage réalisent régulièrement, à la demande de clients divers, des enquêtes et des sondages sur des sujets divers concernant la radio ou la télévision: attentes des téléspectateurs, réaction à des émissions, appréciations sur le rôle de la télévision, sur la crédibilité de ses informations. Des enquêtes de ce type permettent de dégager les images des médias et des professionnels des médias dans l’opinion publique, de mesurer leur crédibilité.La télévision et son publicLes téléspectateursLe public de la télévision est souvent présenté comme une masse quantifiée suivant deux critères principaux: sa durée moyenne quotidienne d’écoute et le nombre de téléspectateurs ayant regardé la télévision au moins une fois dans la journée (tabl. 8 et 9).Cette audience repérée est relativement stable avec des variations saisonnières régulières et expliquées (chute de l’assiduité au petit écran au printemps et en été) et un noyau au taux de consommation très élevé puisque un tiers des téléspectateurs assure à lui seul 58 p. 100 du volume d’audience et un tiers seulement 12 p. 100. La télévision est un média de consommation collective, essentiellement familiale. Le récepteur est installé dans la pièce de séjour, mais 10 p. 100 des foyers l’ont installé dans la cuisine et 14 p. 100 dans une chambre.Les téléspectateurs sont majoritairement des femmes et plutôt des personnes âgées. La cellule familiale reste l’unité de base de la structure de l’audience: en effet, seulement 27 p. 100 des foyers sont équipés d’un second récepteur. L’individualisation de l’écoute, liée au multi-équipement et à la possession d’un magnétoscope (21 p. 100 des foyers) ou d’une vidéo familiale (3 p. 100), n’est pas encore très répandue (tabl. 10 et figure).Public et publicitéLes principaux clients des instituts de mesure d’audience sont les publicitaires: agences, annonceurs et régies qui cherchent à la fois à connaître les heures de plus forte écoute pour pouvoir acheter de l’espace publicitaire et faire connaître ainsi leurs produits à des publics susceptibles de les acquérir. La part de la publicité dans le financement de la télévision est désormais dominante puisque trois chaînes françaises n’ont de recettes que publicitaires. C’est donc l’indice d’écoute qui va déterminer les recettes, les profits, les tarifs de publicité étant proportionnels aux audiences.Le public devient alors un produit que les chaînes de télévision vendent à des annonceurs. Il s’opère ainsi un détournement de la fonction de l’étude de l’audience: elle n’a plus pour objectif la connaissance des attentes du public pour leur prise en compte par la grille des programmes, mais uniquement la connaissance des rythmes de consommation télévisuelle afin de programmer les annonces de publicité à l’heure de la plus forte écoute. Il est vrai que la perception des attentes des téléspectateurs est difficile à réaliser. En effet, le public éprouve des difficultés à formuler des désirs: il peut manifester clairement un rejet, mais imagine difficilement des programmes ou des émissions qui ne correspondent pas à des types qu’il connaît déjà. La programmation des chaînes s’adapte donc elle aussi à la contrainte économique, elle va prévoir de faire passer le maximum de publicité aux heures de plus forte présence devant l’écran, présence le plus généralement liée à un intérêt pour un programme particulier: le film de 20 heures 30 par exemple. La possibilité, désormais autorisée, d’interrompre les films à la télévision par des écrans publicitaires, répond à la même stratégie: imposer la publicité à un public «captif» d’une émission. La pratique du zapping (passer sur une autre chaîne pour éviter la publicité) risque de se développer grâce à l’expansion de la télécommande (48,7 p. 100 des foyers sont déjà équipés).Public et programmesCorollaire de la structure de l’audience, la connaissance de la consommation des programmes permet de classer les émissions en fonction des suffrages qu’elles emportent auprès des téléspectateurs. Les résultats du baromètre hebdomadaire de Médiamétrie (bilan 1986) donnent le classement suivant: films (de 40 à 58 p. 100 d’audience), téléfilms (de 27 à 40 p. 100), sport (de 20 à 50 p. 100 – Coupe du monde de football), variétés (de 20 à 35 p. 100) et magazines (de 5 à 20 p. 100). En moyenne, les journaux télévisés de 20 heures approchent de 20 à 25 p. 100 d’audience sur T.F.1 et A2. Un sondage qui a été réalisé en 1986 sur les attentes des téléspectateurs face à la télévision confirme ce classement. En effet, 44 p. 100 des personnes interrogées attendent de la télévision qu’elle les divertisse, 30 p. 100 qu’elle les cultive et 23 p. 100 qu’elle les informe. 68 p. 100 des personnes interrogées estiment que la télévision joue un rôle positif car elle enrichit les connaissances (26 p. 100 portent un jugement négatif), mais 25 p. 100 seulement sont favorables à la création d’une chaîne culturelle, la majorité préférant un accroissement du nombre des émissions culturelles sur les chaînes déjà existantes.Pour ce qui concerne l’information, la télévision est devenue la source principale de l’information devant la presse écrite et la radio: elle emporte la confiance de 31 p. 100 des personnes interrogées contre 24 p. 100 pour la presse et 15 p. 100 pour la radio (sondage Télérama, 1985).Au-delà de ces analyses globales réalisées pour des objectifs commerciaux, les sociologues mènent des études sur divers problèmes liés à la télévision. C’est ainsi qu’ils cherchent à évaluer l’influence que la télévision peut avoir en général sur le public, et plus précisément sur certaines catégories: les jeunes et les enfants en particulier. Les études sur les effets s’intéressent à des problèmes précis: violence, politique, culture, intégration sociale. Les télévisions proposent des programmes très divers à un public qui, s’il est très vaste, n’en reste pas moins composé de personnalités différentes, d’individus dissemblables: on devrait d’ailleurs plutôt parler de publics et non du public.
Encyclopédie Universelle. 2012.